Je pense sincèrement que dans la vie, le dépassement de soi est probablement l’un des plus beaux cadeaux que l’on peut se faire. Es-tu d’accord? La vie de manière générale nous fixe tellement de barrières, de règles et d’objectifs précis que le peu qu’on puisse faire pour nous-même c’est d’affronter ses embûches et en ressortir grandi. Oh! Et je dis ici embûches, mais tu comprends comme moi que je parle beaucoup plus de limitations qu’on s’impose à soi-même pas vrai? Dans mon cas, la chasse et la pêche ont été mes plus grands libérateurs en ce sens. Tu dois te demander pourquoi han?

Et bien disons que, d’abord, ne se prétend pas qui veut être animateur de télé tu sais et encore moins dans ce domaine. Alors, de un, d’avoir la caméra qui me suis partout, capte chacun des moments, réussite comme échec… j’avoue que ce n’est pas simple tous les jours pour l’égo. De plus, comme tu apprends tous les jours dans ce domaine, que ce soit un nouveau leurre, une nouvelle technique, un nouveau call… pas simple de dire que tu as le temps de maîtriser quelque chose tu sais. Tu peux, mais tu dois y mettre des heures de pratique et de lecture supplémentaire pas mal.

Mettons-nous en contexte dans une situation qui demande de la confiance en soi. Première année de tournage : chasse à l’ours dans les Monts-Valin chez nos amis Jonathan et Josiane. Deuxième année, chasse à l’orignal, tu connais l’animal que j’affectionne particulièrement là??

Heille ! Attends! Je chasse l’orignal aux côtés de Martin Bourget, animateur de la populaire émission de chasse et pêche que j’écoute depuis des années dans mon salon religieusement. Tu sais que lorsque j’ai rencontré Martin pour le poste d’adjointe, je lui ai dit que c’était mon rêve de pouvoir un jour me faire guider par nul autre que lui à la chasse? Non mais pincez-moi quelqu’un! C’est vraiment en train d’arriver? Et.. question d’ajouter à mon stress, à notre arrivée, Jonathan nous indique qu’il y a une seule trace d’orignal dans le haut du territoire. Quand je dis « UNE » trace, je parle d’une marque de sabot là !!!! Pas d’une piste à suivre! C’était presque impossible qu’on puisse réussir. 

Ma fille, j’avais le stress dans le piton sur un moyen temps. Je suivais ce bel étranger aujourd’hui pas mal connu puisqu’il partage mon quotidien, et je me disais  à moi-même : « et si les nerfs me prennent? Il ne faut pas que je manque ma « shot » si mon rêve se réalise enfin! ». Je connais mes capacités de chasseuse, mais la pression était présente pas à peu près. Pour ajouter à ma nervosité, alors qu’au soir nous sommes montés dans un mirador, Nicolas, notre caméraman me dit : «  Cela fait au moins 4 ans qu’on n’a pas eu d’orignal dans le show alors, ce serait bien que tu réussisses! » Ah mais merci Nic! J’avais besoin de cette pression supplémentaire! J’avais l’Impression d’être squeezer entre deux murs et que l’étau de resserrait. 

Devine quoi? Il s’est pointé le gros buck. Majestueux, détendu et surtout curieux, il s’est montré à quelques mètres de notre cache. Voyant mon chum, l’homme le plus calme qui soit à la chasse devenir le gars le plus nerveux du monde, on dirait que c’est là que je me suis mise à vivre le moment. Je t’assure, encore aujourd’hui, je suis capable de me souvenir des odeurs dans l’air lors de cette journée. Le son de la pluie sur la cache et même le bruit de mon fut lorsque j’ai placé ma carabine à la fenêtre de la cache, prête à tirer.

C’était un drôle de sentiment, nerveuse mais si paisible à la fois. Totalement imprégné par le moment. Je me souviens de chaque instant, chaque millième de secondes. Je savais que je devais laisser de côté toutes mes craintes, toutes mes peurs, prendre une grande respiration et vivre le moment à fond. Une validation de la part de mon chum pour placer l’orignal avec un dernier appel… un silence puis… le coup de feu!

Je n’ai jamais autant été fébrile de toute ma vie. Une fois que le coup de feu est parti, que tu vois la réaction du gibier… tu sais que tu as fait ce qu’il faut, là. Les nerfs te lâchent.  Tu trembles, tu ris, tu pleures, et tout le reste en même temps. Je prends mon chum dans mes bras et puis boom la caméra à 2 pouces du visage !! C’est là que j’ai réalisé à quel point j’arrive à me dépasser dans les situations les plus stressantes. La pression, je me le suis mise seule, c’est sûr. Mais je devais surmonter ce que j’affrontais littéralement comme un mur psychologique. Et j’y suis arrivée. 

C’est ce que j’aime le plus de mon travail. Il me pousse à avancer, à foncer, à affronter. Il me tient littéralement debout par la drive qu’Il m’oblige à avoir. Ce que j’essaie de te dire girl, c’est que dans une situation stressante, dans une situation de doute, d’obstacle, fais-toi confiance. Laisse-toi le droit d’exister et regarde toi briller. Laisse-toi le droit d’être qui tu es pleinement et affrontes tes peurs. Tu ne pourras qu’être fière de toi par la suite. 

P.S. Mon tir était plus que parfait et ma chasse fut un réel succès question que tu aies la fin de l’histoire. Je ne pouvais demander mieux!